PORK Perspectives: Bill Christianson de Genus PIC
Par JoAnn Alumbaugh
Perspectives PORK est une chronique récurrente où des dirigeants de l’industrie porcine fournissent des conseils stratégiques en matière de commerce et de gestion en partageant leurs idées sur leurs projets et leurs services à l’industrie.
« C’est incroyable comme une poignée de personnes partageant les mêmes idées peut faire la différence au sein d’une industrie » dit Bill Christianson, dirigeant de l’exploitation Genus PIC.
PIC (Pig Improvement Company) a été créée en 1962 en Oxfordshire (Royaume-Uni) par un groupe de producteurs de porcs dirigé par Ken Woolley. La société s’est aventurée pour la première fois hors du Royaume-Uni en 1968, en établissant une base génétique en France. Fort de son succès en Europe, PIC s’est implanté au Canada en 1970, en Australie, aux États-Unis et en Allemagne en 1973, et au Brésil en 1977. Aujourd’hui, elle est présente dans plus de 30 pays à travers le monde.
PIC est responsable d’un certain nombre de réalisations au cours de ce demi-siècle, à commencer par ses premières cochettes Camborough, apparues en 1964, lorsque le « minimal disease concept » a été établi. M. Christianson a partagé son point de vue sur l’entreprise et sur le secteur en général avec le Farm Journal’s PORK dans l’entrevue suivante.
Parlez-nous de PIC et de son activité.
BC : PIC est en activité depuis plus de 55 ans. Elle a été fondée sur la conviction qu’un meilleur porc rendrait l’élevage de porc plus rentable. Au fil du temps, en ciblant les caractères d’intérêt pour nos producteurs et l’industrie porcine, nous avons été pionniers en termes d’utilisation de la science à des fins d’amélioration génétique continue des reproducteurs de porc. Et nous avons soutenu les producteurs techniquement pour les aider à tirer le meilleur parti de cette génétique en fonction de leurs objectifs. Avec ABS, le leader mondial de la génétique bovine, nous faisons partie de Genus plc, une société britannique cotée en bourse qui se concentre sur l’amélioration génétique.
Comment PIC aide-t-elle et travaille-t-elle avec ses clients ?
BC : Tout d’abord nous sommes à l’écoute de leurs objectifs : ce qu’ils attendent de la génétique au sein de leur entreprise et ce à quoi ils aspirent. Nous identifions leurs caractères d’intérêt, comme l’amélioration de l’efficacité alimentaire ou de la qualité de la viande, et nous travaillons avec eux sur un programme génétique afin d’améliorer ces caractères. Ce programme, basé sur l’accumulation méticuleuse de données, nous aide à sélectionner sur des caractères qui sont prioritaires pour nos clients. Par exemple, l’augmentation de la taille de la portée pendant de nombreuses années a entraîné une diminution du poids des porcelets à la naissance dans l’ensemble de l’industrie porcine. Ce problème a contribué à un accroissement de la mortalité avant le sevrage. En utilisant 10 ans de données individuelles sur le poids à la naissance des porcelets, nous avons été en mesure d’améliorer simultanément la taille de la portée et d’augmenter le poids à la naissance des porcelets, ce qui a finalement conduit à une meilleure capacité de survie des porcelets sous la mère. Ces dernières années, nous avons doublé la taille de nos populations d’élite et nous utilisons notre base de données en constante expansion pour améliorer notre précision de sélection des animaux à fort potentiel, en accord avec les objectifs de nos clients.
Nous aidons également nos clients à tirer le meilleur parti de notre génétique au sein de leur propre système de production. Nous apportons une aide sur mesure pour aider chaque client à réussir. Ainsi, nous fournissons une assistance technique, des conseils en santé animale et en approvisionnement des porcs de reproduction afin d’aider nos clients à performer. En définitive, notre activité commerciale dépend du succès de nos clients.
Comment l’entreprise a-t-elle changé au cours de vos 25 années d’exercice ?
BC : Nous avons plus que doublé la taille de nos populations pour nos différentes lignées génétiques, ce qui nous a permis d’accroître la taille de notre entreprise. Nous avons été en mesure d’exploiter des technologies de pointe pour accélérer la création de progrès génétique pour nos clients. Par exemple, nous avons vu la capacité de la génomique (en particulier la définition précise de la ressemblance entre individus) à améliorer la performance simultanée pour plusieurs caractères. Nous avons investi dans la science, ce qui a entraîné un changement majeur dans la création de progrès génétique pour nos clients.
Nous avons continué à explorer de nouvelles technologies et à adopter une vision à long terme. Notre travail avec le Roslin Institute (basé à l’Université d’Édimbourg au Royaume-Uni) sur le séquençage complet du génome porcin en est un exemple. Ce projet à long terme permet le séquençage de l’ADN dans le but d’identifier et d’exploiter plusieurs milliards de nucléotides que compose le génome à des fins de sélection animale, plutôt que les dizaines de milliers que nous utilisons actuellement. Nous explorons également les avantages de techniques comme l’édition de gènes et ce qu’une application responsable pourrait apporter aux producteurs, aux consommateurs et au bien-être des animaux. Par exemple, nous travaillons au développement de porcs résistants au SRRP (syndrome reproducteur et respiratoire porcin), qui pourraient combattre les effets et l’impact financier de cette maladie dévastatrice. C’est un projet à long terme, mais tellement motivant.
Mais bien que l’entreprise ait grandi et évolué grâce à l’application de technologies de pointe, certaines choses sont restées les mêmes. Nous avons toujours exploré de nouvelles façons de faire tout en respectant notre devise « Never Stop Improving » (Ne jamais arrêter de s’améliorer).
Êtes-vous inquiet de l’impact de la réglementation sur l’édition des gènes ?
BC : La modification génétique chez les animaux est un nouveau domaine de la science et la réglementation, à l’échelle mondiale, est en train de se dessiner. Nous respectons cela et nous engageons à travailler avec les organismes de réglementation dans le but de commercialiser des produits génétiquement modifiés en veillant aux producteurs, aux consommateurs et au bien-être des animaux. Tout au long de notre travail, nous collaborons avec les producteurs, les emballeurs et les acteurs en aval de la chaîne alimentaire ainsi qu’avec les groupes de consommateurs pour explorer cette nouvelle science de façon responsable.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail ?
BC : L’édition génétique chez les animaux est un nouveau domaine de la science et une réglementation, à l’échelle mondiale, est en train de se dessiner. Nous respectons ce processus et nous nous engageons à travailler avec les organismes de réglementation dans le but de commercialiser des produits édités génétiquement tout en veillant aux besoins des producteurs, des consommateurs de même qu’au bien-être des animaux. Tout au long de notre travail, nous collaborons avec les producteurs, les abattoirs et les acteurs en aval de la filière porcine ainsi qu’avec les groupes de consommateurs pour explorer l’application de cette nouvelle science de façon responsable.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail ?
BC : J’adore cette idée de faire partie d’une entreprise où les gens s’engagent à offrir leurs services à leurs clients tout en essayant de s’améliorer un peu chaque jour. Nous formons une équipe très motivée et dynamique qui passe rapidement de la réflexion à l’action, déterminée à réussir, et tout cela dans la bonne humeur. J’apprécie vraiment cet état d’esprit et cette énergie. Et depuis mon plus jeune âge, j’adore travailler aux côtés des porcs.
Qui vous a inspiré ?
BC : Ma famille. J’ai grandi dans le Minnesota. J’étais le sixième d’une fratrie de 10 enfants. Mes frères et sœurs réussissent très bien, mais ils aiment aussi s’amuser. Professionnellement parlant, c’est Al Leman qui m’a inspiré. Je m’occupais de porcs dans l’entreprise familiale et je l’ai connu en tant qu’étudiant vétérinaire à l’Université du Minnesota, puis j’ai continué à travailler avec lui lorsqu’il est passé à Swine Graphics. Al me manque…
Quelle est votre philosophie de l’entrepreneuriat ?
BC : Nous avons une « roue d’inertie » (« flywheel ») au sein de PIC, c’est une sorte de cycle qui génère et emmagasine l’énergie et qui décrit bien notre approche d’affaires. Il met d’abord l’accent sur une solide amélioration génétique laquelle se traduit par une différenciation de nos produits et ensuite l’expression de cette génétique améliorée chez nos clients. Cela nous permet d’offrir une expérience client hautement prévisible, ce qui en retour accroît la confiance de celui-ci dans la plus-value de nos produits. Cette relation de confiance se répercute sur l’amélioration génétique, et le cycle recommence et ne s’arrête jamais. En définitive, nous cherchons toujours à nous améliorer pour aider nos clients à réussir.
À quoi ressemblera l’entreprise dans 20 ans ?
BC : L’esprit pionnier qui a fait progresser PIC depuis plus de 50 ans est toujours la force motrice de cette entreprise et nous permettra de rester à l’avant-garde dans le secteur porcin. L’avenir est prometteur : par exemple, nous allons continuer d’accélérer le taux de génétique afin d’accompagner nos clients dans leur réussite. Je suis persuadé que nous réussirons à augmenter le potentiel de sevrage des truies de 10 porcelets sevrés par truie par an au niveau commercial au cours des 10 prochaines années. C’est phénoménal.
De plus, nous explorons constamment de nouveaux caractères à sélectionner et de nouvelles façons de mesurer les caractères qui aideront nos clients et répondront également aux besoins des consommateurs. La tendreté de la viande en est un bon exemple. Nous la sélectionnons déjà directement sur la base d’une mesure physique introduite dans le programme de sélection. Nous continuerons d’explorer comment nous pouvons offrir plus de valeur, par exemple comment nous pouvons maximiser le rendement en coupes de viande commerciales, la qualité et l’expérience gustative. Cette expérience gustative est devenue un critère important pour le consommateur dans un marché en pleine évolution. C’est une période extrêmement stimulante pour ce secteur et cette industrie.
L’article original a été publié dans PORK Perspectives le 18 juillet 2019: Voir la publication originale